A partir probablement des années 30 ou 40, dans la salle d’entrée, la pièce de la maison où on recevait les visiteurs de marque, la famille de Médard installait à chaque Noël une crèche sculptée.
L’installation fut probablement un projet en évolution à chaque année, avec de nouveaux personnages ou un décor amélioré. Ainsi, Raymond contribua à cette crèche par des moutons et des lièvres en tilleul. Les autres pièces, principalement de Médard, sont en pin.
Celle de 2020 utilise une souche évidée ramassée sur la grève, qui lui donne une magnifique allure de grotte. Pourtant celle des années 50 était plutôt sous une étable de bois. La raison du changement en est une anecdote qui mérite d’être racontée.
Il existe une autre crèche à peu près du même type, aujourd’hui propriété de la fille aînée de Raymond, lui-même fils aîné de Médard. La souche visible sur la photo de 2020 en faisait initialement partie et était utilisée à chaque Noël dans la famille de Raymond.
Selon la tradition orale familiale, les personnages ont été sculptés dans l’année 1954. Comme la crèche n’avait pas trouvé preneur en magasin durant l’été, le grand-père Médard l’a d’abord prêté à son fils Jean-Raymond, qui habitait la maison juste en face et qui attendait la cigogne. Médard décida ensuite de la lui donner «pour son premier petit fils» attendu autour de Noël. Deux petites-filles étant nées en 53 et 54, une Bélanger (fille de Thérèse) et une Bourgault (fille de Fernand, 2e fils), il espérait ardemment qu’enfin le troisième, l’enfant à venir de son fils aîné, serait un petit-fils, continuant ainsi la lignée du nom dans la vision traditionaliste de l’époque. Hélas, il fut bien déçu car ce fut une troisième fille (née au tout début janvier 55, mais attendue pour les environs de Noël 54).
Il est fort peu probable que Jean-Raymond ait sculpté des santons pour cette crèche car à l’époque il travaillait à l’entreprise de mobilier d’église de son oncle Jean-Julien Bourgault et ne produisait pas de sculptures pour la vente. Les personnages auraient donc été sculptés surtout par le grand-père Médard, vraisemblablement avec la contribution de l’oncle Fernand pour les personnages secondaires, et les animaux par Claude, Jacques et André (qui avait 13 ans en 1954).

Crèche (et famille de) Évangéline et Jean-Raymond Bourgault, Photo : JR Bourgault, au tout début des années 60
Pour les dernières années où elle fut installée à sa maison familiale, Jean-Raymond avait construit une grange en bois pour remplacer la souche dont la base commençait à se déglinguer et surtout, qui était bien lourde à manipuler. Après le décès de Raymond (2010) et de son épouse (2009), la souche étable fut remise à la maison Médard Bourgault, mais personnages et animaux demeurent toujours propriété de la fille aînée.
La tradition de crèche sculptée fut maintenue dans la famille par plusieurs des fils sculpteurs de Médard. Fernand et André-Médard en réalisèrent plusieurs parfois de grandes dimensions ou avec des caractéristiques remarquables (par exemple, un orignal à la place du boeuf, des missionnaires Récollets comme bergers et des Amérindiens comme rois mages). Signalons aussi la magnifique Marie enceinte sculptée par Jacques Bourgault, présente depuis de nombreuses années dans la crèche de l’église de St-Jean-Port-Joli pendant la période de l’Avent.
Joyeux Noël à tous et à toutes de la part de la Société du Domaine Médard Bourgault.
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Merci à Jean-François Blanchette, Donald Giasson, André-Médard, Esther et Myriam Bourgault pour leur participation collective à ce billet.